Ma place

Pouvoir partir de par le monde afin de trouver la place qui ‘nous parle ‘ où nous nous sentirons chez nous et que nous pourrons faire nôtre – telle est la promesse dont est porteuse ‘idée moderne de liberté ‘Trouver notre place’

Pouvoir partir de par le monde afin de trouver la place qui ‘nous parle ‘ où nous nous sentirons chez nous et que nous pourrons faire nôtre – telle est la promesse dont est porteuse ‘idée moderne de liberté ‘Trouver notre place’

Écrit Hartmut Rosa, dans son livre ‘Résonance.

Quand je réfléchis à la place, l’image qui me vient, c’est une femme assise sur une chaise inconfortable, la seule envie qui l’habite tout son corps et toutes ces pensées, c'est de changer de place. C’est urgent. 

On est assigné à un corps, à une culture, à une religion ; à une catégorie sociale.

Accepter d’abord sa place au travers du corps. On prend la place qui est laissée par la société à ce corps. Une petite fille ou un petit garçon n’envisage pas la place dans le monde de la même manière. Ce vécu s’intègre parfaitement dans l’éducation.

Ce qui m’intéresse et que je connais, c'est la place assignée aux femmes dans notre société actuelle.

La maternité chamboule tout, c’est un fait. Dans ma culture, on gagne en légitimité.

On devient quasiment un membre de la société à part entière. Il ne faut pas se leurrer, la place n’est pas gagnée. Le corps de la femme est mis à disposition, on l’escalade, on dort dessus, on le mange.

Réduit simplement dans son aspect de reproductivité , il joue son rôle.

Mais que ce qu’on accepte d’expérimenter quand on quitte sa place, dernière rébellion possible dans cette société.

La vraie question, ce n’est pas de savoir à quelle vie on renonce, qui on laisse derrière nous ?

Car c’est une fois partie qu’on réalise avec stupeur l’impossibilité de reprendre là, où on l’avait laissé les choses. La vie qui nous manque tellement est inexistante à présent.

En changeant de place, la seule question qui nous hante, c'est de savoir ce qu’on va trouver à l’arrivée.

Mais à croire aux publications de 2018 de l’OCDE qu’il faut en Europe en moyenne 5 générations avant de prétendre changer de classe sociale .

En revenant sur le livre de Hartmut Rosa 'Résonnance' et sur la notion de Heimat qui illustre parfaitement la sensation qui habite celui qui a laissé sa patrie derrière lui.

Heimat se traduit en français comme' ‘mal du pays’. Il serait un fragment du monde devenu une partie de notre histoire et de notre identité, mais indisponible à nous, déjà perdue.

Cette notion ambivalente peut faire mal, mais continue de nous appeler. Ça peut être un lieu physique ou une odeur, une promesse, mais personne n'est dupe de cette expérience.

Alors l’injonction de s’enraciner s’impose.

Ici, c’est comme ça. Écrit Leila Slimani dans le ‘ Pays des autres’.

Je l’ai entendu maintes fois. Il y avait quelque chose de dérangeant, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessous. Cette phrase à l’ambition de nous cantonner à cette place de ‘fraichement arrivée ignorant les règles.

C’est la démonstration de pouvoir qui se joue dans cette phrase.

Comme si en changeant de place, on acceptait à jamais d’être considéré différant, toujours entre deux, inadapté au fonctionnement de la société qui encourage à rester à sa place.

Mais que faire de ceux qui ne peuvent pas autrement ? Changer de place, ultime liberté...

Ils restent à jamais ‘des déplacés’

Pour finir, un petit extrait du livre de Claire Marin Être à sa place.

Y a-t-il alors pour chacun une place juste ou une succession de places ? Sans doute faut-il, pour se sentir à sa place, de la chance et de la persévérance, du courage, peut-être une part d’inconscience. Il y a des coup qu’on rate sur l’échiquier des places, des bourrasques qui font voler les pièces du jeu, des colères qui les balayent. Mais il n’y a pas de jeu sans déplacement, en avant, en diagonale, ni sans retour en arrière, comme il n’y a pas de ‘je ‘ sans détours ni bifurcations. Notre place est celle qui porte en elle toutes les secousses et tous les sursauts de ces mouvements intérieurs, de ces élans et de ces fixations, éphémères.

Ressources :

Hartmut Rosa ‘ Résonance

Claire Marin ‘Etre à sa place ‘

Leila Slimani ‘Le pays des autre’

Quelques idées de lecture, de découverte.

Anouche Kunth ‘Au bord de l’effacement ‘ Sur le pas d’exilés arméniens dans l’entre-deux-guerres. Un livre bouleversant et très documentés sur 70ans d’histoires des arméniens, mais aussi l’histoire d’immigration en France. Anouche Kunth est historienne et chercheuse au CNRS.

La bâtarde d'Istanbul d’Elis Safak, elle aborde le sujet du génocide des Arméniens, mais aussi  les mœurs turcs, la cohabitation des femmes modernes et conservatrices sous le même toit, et la tension qui en résulte, la relation inégalitaire entre un frère et une sœur, la place privilégié d’un homme et le patriarcat, sont des sujets que la nouvelle génération de féministe s’empare. Comment une belle femme est traitée à Istanbul, la place d’un individu ainsi que la diversité de la pensée en général bien ancrée dans la société istanbulienne.

Musée Bansky à Bruxelles. Un lieu de découverte de cet artiste engagé et mythique

Fondation Bogossian. Elle s’est installé dans la villa Empain à Bruxelle construit en 1930 par architecte Michel Polak, une figure essentielle de l’Art déco bruxellois. Louis Empain étant un passionné de l’art souhaite que la villa soit en lieu de rencontre des artistes et des expositions. La villa a accueilli le musée royal des Arts décoratifs contemporains, L’ambassade d’URSS, plus tard une période plus sombre, elle est laissée en abandon, enfin la Fondation Bogossian l’acquiert en 2006. Depuis 2010, elle est considérée comme centre d’art et de dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident et a accueilli plus de 600.000 visiteurs. 

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Par Loucine Asatryan

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