Je questionne la place du travail dans nos vies, et surtout à la centralité qu'on lui accorde.
L’idée selon laquelle les hommes sont les ‘semblables’ les une des autres me questionne. Rien de plus fâcheux en effet, ni de plus dangereux d’ailleurs pour ceux qui en sont apparents bénéficiaires, que cet aveu de similitude et de fraternité universelles : car, de ce que cet homme doit être tenu pour mon semblable, il s’ensuit nécessairement qu’il doit penser ce que je pense, estimer bon ce que j’estime bon ; et , s’il se rebiffe, on lui fera savoir de force. C’est pourquoi le fait de reconnaître en l’autre son semblable constitue toujours moins une faveur qu’une contrainte et une violence. Écrit Clément Rosset dans son essai La Force majeure en expliquant la dangerosité du fanatisme.
Je fais le parallèle entre cette idée et celle que notre société moderne tente de nous faire croire qu’on aurait tous les mêmes besoins, voués au culte de la consommation, qui s’avère, à l’instar du tonneau percé de Platon dans ‘Gorgias’, rester toujours dans un état d'insatisfaction.
Pour consommer, nous devons travailler dur, pour ensuite attendre impatiemment dès lundis matin le week-end, et ils sont allés même jusqu’à nous faire croire qu’on pourrait s’épanouir dans le travail.
Et si jamais ce n’est pas le cas, c’est qu’on s'y prend mal. Et puis, on n'est pas là pour s’amuser. Celui qui ose s'écarter du chemin sera marginalisé.
Les chômeurs seraient des feignants, refusant de participer aux ‘efforts collectifs’. Rêver d’oisiveté dans notre société productiviste, c’est aller à contre-courant. Sachant que le nombre des chômeurs dans notre société productiviste est surestimé. Pour l’année 2023, selon les enquêtes d’Insee et d’Eurostat, le chômage en France serait de 7,2 % contre 14 % selon l’avis des personnes interrogées.
Mais laissons de côté les stéréotypes, et revenons à la place du travail dans nos vies, et surtout à la centralité qu'on lui accorde.
L’innovation et le progrès n’ont pas tenu leur promesse initiale ; améliorer nos vies, développer notre bien-être, nous donner l’autonomie de disposer de notre temps.
Quelle est la différence entre un ouvrier des années 1980 et d’aujourd’hui, mis à part une légère amélioration des conditions de travail et de 5 semaines de congés payés par an ? Le travail reste un labeur.
L’accélération est visible partout ; speed-dating, fast-food, … La technologie nous permet de travailler plus vite, de nous déplacer plus vite. Nos sociétés modernes fonctionnent de manière dynamique, ce qui signifie qu’elles ont en permanence besoin de croissance, d’accélération et d’innovation pour maintenir leur fonctionnement.
En somme, notre génération devrait travailler plus pour produire plus, pour pouvoir bénéficier des acquis sociaux de la génération précédente.
Bien sûr, l’économie ne peut pas s’arrêter d’un coup net. Je crois profondément à la joie salvatrice de la création. Mais de quelle manière, à quel rythme ?
Je ne suis pas adepte du ralentissement, de vivre pleinement le moment présent, en tenant compte de l’état actuel du monde (la guerre en Ukraine, à Gaza, la situation explosive en Arménie, et encore tant d'autres situations qui ne bénéficient pas de couverture médiatique en Europe) sans tomber dans des scénarios très anxiogènes et fatalistes.
Pour ma part, je m’en passerai des fois du moment présent.
À défaut d’avoir des réponses, je me pose des questions…
Ressources
Clément Rosset ‘La Force Majeure’
Hartmut Rosa ‘Remède à l’accelération
Podcast Splash&Unédic épisode 172
Quelques idées de découverte.
Un Article éclaircissant sur le sujet « Le chômage n’est pas l’obstacle à un travail, c’est le véhicule pour en trouver ! » sur le site Welcome to the Jungle.
Livre d’André Manoukian ‘ Sur les routes de Jazz’ N'étant pas mélomane, je me suis laissé embarquer dans un voyage autour du monde avec André Manoukian. L'auteur nous offre un très large aperçu de l'histoire de la naissance du jazz. Un rythme soutenu, bourré de références historiques.
François Kupka ( 1871 – 1957 ) un coup de cœur pour ce peintre tchèque découvert au Musée Kampa fondation d’art modern et contemporain.
Podcast ‘Philosophy is sexy ‘ sorti le 31 Mars ‘ A quoi bon l’ambition ? ‘