L'alliance entre lucidité et joie est difficile, surtout pour les Arméniens qui, malgré des tragédies historiques comme le génocide de 1915 et la perte d'Artsakh, cherchent à vivre et créer sans se victimiser.
Y a-t-il une alliance possible entre la lucidité et la joie ?
Il y a ceux qui mettent en place toutes les stratégies d'évitement et vivent dans leur bulle, en faisant semblant que tout se passe bien. Pour dire de manière plus imagée, ils font l'autruche.
Il y a des fatalistes, à l’instar des femmes interviewées pendant la guerre civile au Liban qui avouaient que, quand les circonstances le permettaient, elles allaient se coiffer, car elles ne savaient pas ce qu’il pouvait arriver le lendemain.
Nous sommes très nombreux à avoir des biais cognitifs de normalité.
Aujourd’hui, on sait que, après que le premier avion a frappé la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001 à New York de nombreuses personnes dans la tour sud ont pensé qu'il s'agissait d'un accident isolé et ont hésité à évacuer. Leur croyance dans la normalité a retardé leur décision de quitter les lieux, jusqu'à ce que le second avion frappe.
On se protège du réel comme on peut.
J’ai l’impression que nous, les Arméniens, sommes devenus très doués dans cet art. Mais je dois reconnaître aussi que malgré beaucoup de difficultés, et des enjeux géopolitiques qui dépassent mon pays du fait de son emplacement géographique et de sa taille, on est toujours là.
Je n’ai pas la prétention de résumer ici 3 000 ans d’histoire d’une nation, entre les invasions par différents empires, des périodes de royaume indépendant, et la 3ème et actuelle république d’Arménie.
Il y a eu le génocide de 1915, il n’y a pas eu de reconnaissance, et donc pas de réparation. On a perdu Artsakh en 2023 et on n’a pas eu la reconnaissance de cette perte. Il y a eu de la négation, et cela persiste jusqu’à aujourd’hui.
Je souligne ces deux points, mais vous imaginez bien que l’histoire de l’Arménie est bien plus complexe et riche à expliquer et à apprendre, et c’est justement là où je veux en venir.
Karl Marx a dit : « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre.»
Aucun Arménien ou Arménienne ne pourra dire qu’on ne leur a pas assez appris notre histoire à l’école. Dans cette logique, on peut se dire que l’histoire de 1915 se répète en 2023 et que nous n'avons rien appris de l’histoire. Je me demande alors où puiser les ressources pour continuer si, au fond, l’histoire est écrite d’avance. Que nous reste-t-il alors ? D’espérer ? Je suis fâchée avec cette notion. Il est vain d’espérer, car l’espérance est forcément accompagnée par la crainte. ( c’est Spinoza qui le dit 😊)
Nous n’avons pas envie de nous victimiser, nous voulons vivre et créer. Par ailleurs, dernièrement, je suis tombée sur le mythe selon lequel les Arméniens auraient été des traducteurs pendant la construction de la Tour de Babel. Selon la légende, ils auraient été responsables de la traduction et de la coordination entre les différents groupes de travailleurs sur le chantier. Ils auraient donc joué un rôle crucial en facilitant la communication entre les diverses nations impliquées dans la construction.
Pour revenir à notre réalité, les temps ont changé, à nous de faire en sorte que les mêmes intentions de notre ennemi n’entraînent pas les mêmes effets.
Je partage ici quelques contacts des Arméniens qui, par leur travail, dans des médias indépendants, tentent de créer un récit commun auquel on pourrait s’identifier.
Le Podcast : Network Nation Home - Network Nation (networknationpodcast.com)
Le podcast a été créé après la guerre de 2020, Hayk Vardanyan interviewe des Arméniens qui œuvrent pour le développement de l’Arménie, le but étant de mettre en contact les personnes qui ont ce but en commun.
Le Podcast ‘Rearrange’ rearrange with Narek Amirkhanyan - YouTube
Narek Amirrkhanyan invite des Arméniens locaux mais aussi les chanceux qui peuvent partager leur quotidien entre l’Arménie et l’étranger. Il n’y a pas de sujet tabou, les invités ont des horizons très différents, mais le fil conducteur, d’après moi, des sujets c’est d’être au plus près des questions pratiques ainsi qu’existentielles des Arméniens.
EVN Report Գլխավոր - EVN Report : c’est un média en ligne indépendant, en anglais, depuis l’Arménie donc au plus près de la réalité, qui fait un travail énorme auprès des médias internationaux très sérieux, pour donner plus de visibilité à l’Arménie.
Version en arménien : Հայերեն տարբերակը
Հնարավոր է արդյո՞ք միևնույն ժամանակ լինել իրատես և ուրախ
Կան մարդիկ, ովքեր օգտագործում են բոլոր ռազմավարությունները խուսափելու համար և ապրում են իրենց գմբեթում՝ ձևացնելով, թե ամեն ինչ լավ է։ Ջայլամի պես:
Կան նաև ֆատալիստներ, ինչպես Լիբանանի քաղաքացիական պատերազմի ընթացքում հարցազրույց տված կանայք, որոնք խոստովանում էին, որ երբ պայմանները թույլ են տալիս, նրանք գնում էին մազերը հարդարելու, քանի որ չէին իմանում, թե ինչ կարող է պատահել հաջորդ օրը:
Մեզանից շատերի ուղեղը հակված է նորմալության կողմնակալությանը: Այսօր մենք գիտենք, որ երբ առաջին օդանավը հարվածեց Նյու Յորքի Համաշխարհային առևտրի կենտրոնի հյուսիսային աշտարակին, 2001 թվականի սեպտեմբերի 11-ին, շատ մարդիկ հարավային աշտարակում կարծում էին, որ դա մեկուսացված պատահար է և հապաղեցին տարահանվել: Նրանց հավատը նորմալության մեջ դանդաղեցրեց նրանց որոշումը լքել տարածքը, մինչև երկրորդ օդանավը հարվածեց:
Մենք պաշտպանվում ենք իրականությունից, ինչպես կարող ենք:
Կարծում եմ, որ մենք՝ հայերս, շատ լավ ենք տիրապետում այդ արվեստը:
Բայց պետք է նաև ընդունեմ, որ չնայած իմ երկրի աշխարհաքաղաքական դիրքին և շատ դժվարություններին մենք դեռ այստեղ ենք:
Բնականաբար ես չեմ հավակնում այստեղ ամփոփել 3 000 տարվա պատմությունը՝ տարբեր կայսրությունների ներխուժումները, անկախ թագավորության ժամանակաշրջանները և Հայաստանի երրորդ և ներկայիս հանրապետությանը: 1915 թվականի ցեղասպանությունից հետո, ճանաչում չեղավ, և հետևաբար՝ փոխհատուցում չեղավ։ 2023 թվականին կորցրեցինք Արցախը և այդ կորուստը նույնպես չճանաչվեց։
Ժխտումը դեռ շարունակվում է մինչ օրս: Ես ընդգծում եմ այս երկու իրադարձությունները, բայց դուք կարող եք պատկերացնել, որ Հայաստանի պատմությունը շատ ավելի բարդ է և հարուստ․
Հասկանու և սովորելու համար մեզ շատ ժամանակ է հարկավոր : Եվ հենց այս կետին եմ ուզում հասնել:
Կառլ Մարքսն ասել է. «Ով չգիտի պատմությունը, դատապարտված է կրկնել այն»:
Ոչ մի հայ չի կարող ասել, որ դպրոցում իրենց քիչ են սովորեցրել մեր պատմությունը: Այս տրամաբանությամբ կարելի է ասել, որ 1915 թվականի պատմությունը կրկնվում է 2023 թվականին, և մենք ոչինչ չենք սովորել պատմությունից: Այդ դեպքում ինչ ռեսուրսներով շարունակել, եթե, ի վերջո, պատմությունը կանխորոշված է:
Ի՞նչ է մեզ մնում: Հուսալ? Ես խռոված եմ այդ հասկացությունից: Անհիմն է հուսալ, քանի որ հույսը անպայման ուղեկցվում է վախով: (ես չեմ ասում այլ Սպինոզան 😊) Մենք չենք ցանկանում զոհի կարգավիճակում լինել, մենք ուզում ենք ապրել և ստեղծել:
Վերջերս ես գտա մի առասպել, որի համաձայն հայերը եղել են թարգմանիչներ Բաբելոնի աշտարակի կառուցման ժամանակ: Ըստ լեգենդի, նրանք պատասխանատու էին շինարարության տարբեր խմբերի միջև թարգմանության և կոորդինացիայի համար: Նրանք կարևոր դեր են խաղացել՝ հեշտացնելով շփումը տարբեր ազգերի միջև, որոնք մասնակցում էին շինարարությանը:
Վերադառնալով մեր իրականությանը՝ ժամանակները փոխվել են, և մենք պետք է ապահովենք, որ մեր թշնամու նույն մտադրությունները չհանգեցնեն նույն հետևանքներին: